Nouvelles fraîches de Ni Tanjung


Nouvelles fraîches de Ni Tanjung

Ni Tanjung dans sa chambre à Bali, mai 2016. Photo: Georges Breguet

Written by Lucienne Peiry in Le Carnet Portrait

27 mai 2016

Dans un petit village à la nature généreuse et luxuriante, Ni Tanjung est plongée dans la semi-obscurité d’une pièce borgne. Une ampoule nue diffuse une lumière faible et diaphane dans la petite chambre où le lit occupe une place essentielle. La vieille dame indonésienne, âgée de plus de quatre-vingt-cinq ans, est grabataire, trop fragile pour se lever et soutenir son corps, pourtant menu et décharné. Recluse dans cet espace exigu et sombre qui ne ménage aucune échappée vers l’extérieur, elle continue de se livrer à une création imaginaire hors du commun. 

Couchée ou assise, elle est recroquevillée dans une existence misérable, mais elle réussit à enchanter ses nuits par la création fiévreuse de figures et de figurines colorées qu’elle dessine puis découpe avec soin. Loin du monde, dans sa pénombre apprivoisée, Ni Tanjung fait abstraction de son exil, pour monter les tréteaux d’un théâtre nocturne privé, s’adonnant à de troublantes performances, mises en scène avec vigueur et délicatesse.

Si Ni Tanjung travaille aujourd’hui un peu plus lentement, elle poursuit son aventure avec ferveur. Les nouvelles nous parviennent grâce à l’ethnologue Georges Breguet, qui rend visite régulièrement à Ni Tanjung, prend soin d’elle et conserve ses dessins avec grande attention.


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