L’Art Brut et la montagne


L’Art Brut et la montagne

L'Alpe - N°66 - Septembre 2014

Written by Lucienne Peiry in Le Carnet

14 septembre 2014

« L’art brut aux sommets

Ces créateurs hors normes ont nourri leur imaginaire de la présence des montagnes. Une source d’inspiration propre à stimuler leurs inventions les plus délirantes : machines aériennes et engins volants, jardin encyclopédique en plein air ou montées à l’alpage insolentes et espiègles.

Hanté sa vie durant par l’idée de voler, l’Allemand Gustav Mesmer (1903-1994) est l’un de ces artistes-inventeurs qui prennent les montagnes pour terrain de jeu. Lui, il fabrique d’étranges machines qu’il expérimente dans la solitude. Comme Icare, Mesmer a l’ambition de voler pour s’enfuir loin de la prison où il est enfermé. Mais il ne parviendra jamais à quitter la terre. Peu importe. L’envol demeure dans le registre du fantasme et de l’utopie, lesquels se déploient avec d’autant plus de ferveur.

Dans son imaginaire, voler permettrait d’être sur les hauteurs, en état d’apesanteur, de se sentir proche des sommets et d’avoir une vue plongeante sur les paysages. Comme le relief est peu prononcé dans la région où il vit (le Jura souabe), le regard porte loin, l’horizon est bas et les ciels immenses. La géographie du lieu favorise l’hallucination. Voler signifierait être au diapason de la nature, dans le silence, la béatitude, embrasser le cosmos et se fondre en lui, ainsi qu’en témoignent plusieurs des peintures de Mesmer, mais surtout ses extravagants engins aériens. Sa quête est d’ordre métaphysique et spirituelle ; la montagne y joue un rôle fondamental. »

Extrait de l’article « L’art brut aux sommets » écrit par Lucienne Peiry et paru dans le numéro 66 de la revue grenobloise « L’Alpe » (03.09.14), splendide revue qui se plaît à proposer des regards décalés sur l’univers alpin.

Ci-dessous, les 2 premières pages de ce même article :

« L’art brut aux sommets » – L’Alpe – N°66


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