Written by Lucienne Peiry in
24 février 2020
Fernando Nannetti a produit l’une des œuvres les plus singulières de l’Art Brut. Interné à l’asile de Volterra en Toscane, il en grave les murs à l’aide de la boucle de son gilet. Sur cette roche cimentée, difficile à graver avec un instrument aussi dérisoire, l’œuvre devient colossale : 70 m de long.
Le résultat est crypté, hermétique et mystérieux. Nannetti invente un alphabet, supprime toute ponctuation, l’espace est saturé de signes et la direction des lettres change à la fin des lignes… Lucienne Peiry, en évoquant leur sophistication stylistique, parvient à élucider des segments de ces inscriptions hors du commun et nous fait entrer dans cette autobiographie fantasmée, à travers laquelle Nannetti se crée une nouvelle identité. En la rapprochant de la culture étrusque et du futurisme, elle la replace dans une histoire longue.
« Le Livre de pierre » dévoile une œuvre unique et désintéressée, voie d’évasion face à la vie cloîtrée de l’asile. Les murs qui enserrent Nannetti deviennent son support d’expression et le lieu d’une liberté créatrice. Alors qu’aujourd’hui ces gravures s’estompent et disparaissent peu à peu, ce livre nous rappelle leur inventivité poétique sans équivalent.
Editions Allia, Paris, 2020.
80 pages.
Langue : français.
ISBN: 979-10-304-1214-7