Giovanni Battista Podestà, L’Art Brut, n°15, Lausanne, Collection de l’Art Brut, 1987.


Giovanni Battista Podestà, L’Art Brut, n°15, Lausanne, Collection de l’Art Brut, 1987.

Written by Lucienne Peiry in

1 juillet 1987

Natif de Torre Pallavicina, petit village de l’Italie du Nord, Giovanni Battista Podestà (1895-1976) est le treizième enfant et l’unique garçon d’une famille paysanne très pauvre. Après le décès de son père, il est élevé dans un milieu féminin, entouré de sa mère et de ses douze soeurs. À dix ans, l’enfant quitte l’école et se fait engager comme aide-maçon. La Première Guerre mondiale éclate lorsqu’il a vingt ans ; Podestà est mobilisé et part au front. Blessé, il est emprisonné par les Autrichiens. À son retour, sa réinsertion est difficile : le peu de terres que possède sa mère ne suffit pas à entretenir la famille, et la campagne lombarde n’offre pas de travail. Le jeune homme s’installe alors à Laveno, au bord du lac Majeur, où il trouve un emploi de carabinier, puis se fait embaucher dans une fabrique de céramiques. Podestà est marié, père de deux filles. Il consacre ses loisirs à l’expression artistique, intervient sur les murs et le mobilier de son appartement et réalise des peintures et bas-reliefs. Il fabrique une pâte qu’il utilise pour ses pièces tridimensionnelles et se sert de multiples objets de récupération – du papier métallisé ou des débris de miroir – pour orner ses compositions où dominent les couleurs vives et scintillantes. La plupart d’entre elles sont assorties de petits écriteaux sur lesquels sont gravées des revendications, des propos protestataires et des messages moraux. Son oeuvre est une riposte symbolique contre la perte des valeurs spirituelles de la société contemporaine. Podestà fait aussi des tournées prophétiques dans sa ville, arborant une longue barbe, des cheveux descendant jusqu’aux épaules, des cravates peintes, une bague à tête de mort et une canne historiée de diverses étapes de son existence. Prédicateur médiéval en plein XXe siècle, Podestà est un personnage totalement anachronique.

Collection de l’Art Brut, Lausanne, 1987.
152 pages, 150 illustrations.
Langue : français.


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