Mariés nippons tout de rouge vêtus


Mariés nippons tout de rouge vêtus

Masao Obata, Centre Pompidou, Paris (exposé ici au Grand Palais à Paris)

Written by Lucienne Peiry in Le Carnet

14 juillet 2025

Masao Obata (1943-2010) collectionne des cartons usagés qu’il récupère dans les cuisines de l’hôpital psychiatrique où il réside, au dessus de Kobé. Dans les débuts, il dessine de nuit, secrètement, sur ces supports de fortune et cache ses œuvres peu nombreuses encore dans une armoire puis sous son lit ; plus tard, il acceptera de les montrer. 

Son sujet de prédilection est le couple lors d’une cérémonie nuptiale, parfois accompagné d’un enfant. Chaque figure, représentée frontalement et en aplat, est délimitée avec un crayon à la mine de plomb, puis dessinée au crayon de couleur, de manière concise et détaillée. L’auteur reproduit aussi des paysagesgravés dans sa mémoire ; crabes, poissons, étoiles de mer et formes végétales s’immiscent parfois dans la composition. Il représente également des véhicules, des plantes ou des meubles. Quel que soit le sujet de ses travaux, le rouge, sa couleur préférée, domine constamment. Obata lui-même s’habille très souvent de rouge, de la tête aux pieds.

Masao Obata est né sur une petite île dans la préfecture d’Okayama, au Japon. Ses parents sont séparés et il grandit auprès de sa mère. Suite à une première hospitalisation de deux ans en milieu psychiatrique, puis au décès de sa mère, il alterne séjours dans des établissements spécialisés et emplois temporaires. Il retrouve ensuite son père à Kôbé, mais ce dernier décède quelques années plus tard. Obata est alors interné, à l’âge de quarante-cinq ans, dans un hôpital psychiatrique isolé, situé sur les hauteurs de la ville, où il se livre à une importante production graphique de plusieurs milliers de dessins qu’il poursuit jusqu’à sa mort. Seules deux mille pièces sont aujourd’hui conservées.

L’un de ses dessins est présenté dans la vaste exposition d’Art Brut, proposée par le Grand Palais à Paris, jusqu’au 20 septembre. 

Plusieurs œuvres  de ce créateur avaient été présentées dans l’exposition « Art Brut du Japon » que Lucienne Peiry a organisée à la Collection de l’Art Brut, à Lausanne, en 2008. 

D’autres créateurs nippons sont mis à l’honneur au Grand Palais, dont plusieurs sculptures de Shinichi Sawada (1982).

Shinichi Sawada, Centre Pompidou, Paris (exposé ici au Grand Palais à Paris)


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