Written by Lucienne Peiry in Le Carnet
16 janvier 2015
A Paris, inauguration le mardi 20 janvier de l’exposition consacrée aux Cahiers dessinés, à la Halle Saint-Pierre. Cette vaste présentation réunit 67 artistes internationaux et présente plusieurs auteurs d’Art Brut. Lucienne Peiry signe un texte dans le catalogue. Les créateurs dont elle traite sont Eugène Gabritschevsky, Magali Herrera, Laure Pigeon et Unica Zürn.
Les Cahiers dessinés sont une maison d’édition créée à Paris en octobre 2002. Celle-ci a pour vocation de publier des ouvrages consacrés au dessin, sous toutes ses formes, de tous les pays, de toutes les époques, dessins de peintres, dessins d’écrivains, dessins d’humour… Près d’une centaine d’albums ont paru, ainsi que neuf numéros de la revue Le Cahier dessiné.
Depuis vingt ans la Halle Saint Pierre œuvre, au carrefour de l’art brut, à parcourir et rendre compte des territoires hétérodoxes de l’art. Cette tâche passionnée et passionnante a pour but d’ouvrir des trajectoires différentes au sein d’un monde de l’art qui se parcourt sans qu’on puisse jamais le fermer ou le posséder. Cette tension vers cet Autre de l’art anime un projet artistique qui, échappant aux concepts préalablement formatés, s’inscrit dans une pensée non exclusive.
C’est avec cet esprit que la Halle Saint Pierre et les éditions les Cahiers Dessinés se sont associées pour organiser une exposition célébrant le dessin comme l’accomplissement d’une aventure humaine à part entière. Dessins classiques, art brut ou dessins d’humour sont ici autant de propositions graphiques singulières qui nous séduisent, nous étonnent ou nous dérangent. Mais qu’elles fassent fi d’un savoir-faire technique, le revendiquent où le subvertissent, elles n’œuvrent pas à servir ou opposer des courants artistiques. Bien au contraire, elles font naître, au sein de leur pluralité, un jeu d’échos basé sur l’impératif intime de l’expérience du dessin, ouvrant un potentiel infini de résonance sémantique autant que sensible.
Pour la première fois à Paris, ce « mélange des genres » est rendu possible. D’étranges liens se nouent entre des œuvres ; ils disent à quel point le dessin, longtemps considéré comme le parent pauvre de la peinture, est un langage essentiel, capable de révéler nos sentiments les plus communs, comme les plus inavoués. Nous passons du portrait le plus expressif à la figure presque abstraite, de l’allégorie foisonnante à l’esquisse d’une attitude, du trait d’esprit le plus drôle ou le plus provoquant au rêve le plus doux, avec chaque fois le peu d’outils que réclame cet art : un crayon, une plume, un pinceau, de l’encre, de la couleur, du papier.
Commissaires de l’exposition :
Martine Lusardy, directrice de la Halle Saint-Pierre
Frédéric Pajak, commissaire invité, créateur et directeur des éditions