Les cocons magiques
de Judith Scott


Les cocons magiques<br/>de Judith Scott

Sculpture de Judith Scott

Written by Lucienne Peiry in Le Carnet

30 mai 2013

Conférence à Paris sur Judith Scott
Lucienne Peiry est invitée par Lise Maurer, psychanalyste
au Séminaire De la trinité en déroute au sinthome

Samedi 29 juin, à 14h00
Institut de Théologie
77, Boulevard Arago – 75014 Paris

Les œuvres textiles de Judith Scott sont dotées d’un pouvoir d’expression intense: elles ressemblent à des cocons géants multicolores et rappellent également des poupées d’envoûtement. Elles évoquent surtout des fétiches à portée magique et semblent recéler un lien particulier avec la vie et la mort. Ces sculptures renferment un secret que l’auteur a pris soin, à chaque fois, de cacher avec précaution.

Judith Scott commence par récupérer ou dérober toutes sortes d’objets hétéroclites – un ventilateur ou un parapluie, des magazines, des clés – qui vont constituer le cœur de sa composition. Elle les assemble et les arrime solidement les uns aux autres, puis les entoure, les enveloppe et les enlace de fils, ficelles, cordes et fibres diverses, de manière à protéger et à occulter intégralement le corps central. Durant plusieurs semaines et parfois plusieurs mois, imperturbable, Scott travaille, assise à sa table, faisant croître progressivement sa sculpture. D’allure anthropomorphe, zoomorphe ou organique dans les débuts, les œuvres prennent le large au fil du temps, deviennent de plus en plus grandes et abstraites dans les dernières années. Elles se présentent le plus souvent sans bas ni haut, sans face ni dos.

Judith Scott se livre à un vrai corps à corps avec son œuvre. Elle l’évalue avec ses mains et privilégie l’exploration et la création tactiles. La créatrice n’accorde aucun regard, ou presque, à l’ouvrage en cours de fabrication, comme on le voit dans le film documentaire de Philippe Lespinasse, qui lui est consacré. Les yeux perdus dans le vague, naviguant à l’aveugle, mais tenant le cap, elle procède par gestes lents et répétitifs, privilégiant tout particulièrement le sens du toucher pour donner corps à sa sculpture, ainsi que pour évaluer son équilibre et sa stabilité.

A la fin de la présentation, le public est amené à découvrir le documentaire réalisé sur Judith Scott, par Philippe Lespinasse (36 minutes), produit par la Collection de l’Art Brut.


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