Le Cubain Ramón Moya Hernández (1950) se confectionne un singulier costume pour le porter lors d’un pèlerinage dédié à saint Lazare, événement qui rassemble chaque année de milliers de fidèles sur l’île, près de La Havane.

En l’espace de dix jours seulement, en 2014, dans une ardeur créatrice intense, il crée une tenue de neuf pièces à l’aide d’une toile à sac, faite d’une longue tunique et d’une cape, d’un châle aux fins ajours, d’une culotte frangée, d’une sacoche doublée d’une étoffe rouge, de sandales et d’un couvre-chef brodé. Lucienne Peiry a écrit un texte consacré à ce costume pour le catalogue de l’exposition d’Art Brut présenté au Grand Palais. Extrait:

« La parure de cou (un collier-chapelet) ainsi que le bâton de pèlerin font l’objet d’une ornementation riche et très éclectique, réunissant toutes sortes de matériaux récupérés, comme des capsules, des morceaux de tissu et des câbles électriques. Mais à ceux-ci s’entremêlent aussi des crânes et des os, des vertèbres et des mandibules ainsi que des mèches de cheveux. Cet entrelacs de matières organiques, végétales et animales, rend ces deux objets d’Art Brut, comparables à des fétiches, investis d’un pouvoir magique que fabriquent certains devins ou chamanes en Afrique subsaharienne.

Pour Moya Hernández aussi, ce collier et ce bâton constituent probablement des supports de prière, de méditation et d’intercession, créés à son propre usage. En outre, sa singulière parure comporte aussi certaines analogies avec des costumes d’initiation qui aident des chamanes de Mongolie et de Russie dans leurs luttes contre des forces néfastes, tout en leur conférant un accès au monde surnaturel. Comme eux, Moya Hernández conçoit peut-être sa tenue végétale, d’allure presque forestière, comme une enveloppe dotée d’une valeur protectrice, voire salvatrice. »

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