Podestà et la « mort apprivoisée »


Podestà et la « mort apprivoisée »

Giovanni Battista Podestà, Tête de diable rouge, collection Antoine de Galbert, Paris.

Written by Lucienne Peiry in Le Carnet Portrait

17 janvier 2017

Dans sa production picturale et sculpturale, profondément ancrée dans la religion chrétienne et répondant à une conception manichéenne du monde, une thématique émerge tout particulièrement, celle de la mort. Elle est omniprésente dans son œuvre, tant par le verbe que par l’image. La mort n’est en aucun cas considérée comme un tabou, elle est « apprivoisée ». Podestà la peint, la sculpte, la nomme. 

Le motif iconographique du squelette – symbole traditionnel de la mort – apparaît de manière récurrente sur les attributs dont l’artiste se pare lors de ses sorties quotidiennes (canne, cravate, bague), ou encore sur ses costumes (manteau, couvre-chef, ombrelle, chaussures) qu’il confectionne et avec lesquels il parade le jour du Carnaval. Le corps du Christ crucifié est représenté sur la croix que Podestà a créée et qu’il porte chaque Vendredi Saint au sommet d’une colline. De même la représentation du Diable – comme celle de sa tête entièrement rouge –  apparaît à plusieurs reprises dans son œuvre. L’image de la mort, déclinée de manière plurielle, s’associe au corps qui devient lui-même support d’expression et d’action.

Ces propos sont extraits du texte « Podestà, Poladian, Scott: le corps, prodigieuse riposte à la mort », in Beautés insensées. Figures, histoires et maîtres de l’art irrégulier, Skira, 2006, pp. 114-121. Voir aussi l’ouvrage entièrement consacré à cet auteur d’Art Brut italien:  L’Art Brut no 15, Lausanne, Collection de l’Art Brut, 1987.


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