Lucienne Peiry à l’honneur sur Alumnil


Lucienne Peiry à l’honneur sur Alumnil

Lucienne Peiry, 2013 (Photographie: Bertrand Rey)

Written by Lucienne Peiry in Presse

28 octobre 2015

Un article consacré à l’auteur lausannoise est paru sur le site des Alumni de l’Université de Lausanne.

Rédigé par Konstantin Büchler, il revient sur le parcours de Lucienne Peiry, la réalisation de sa thèse à l’UNIL en 1996, ainsi que ses projets vis-à-vis de l’Art Brut :

Lucienne Peiry, une passion brute

Lucienne Peiry, alumna de la Faculté des lettres, s’est construit un parcours hors norme, en lien étroit avec sa formation académique. Récemment, son audience s’est considérablement élargie, suite à la publication de L’Art Brut en Chine. Le point sur son expérience.

Après une thèse de doctorat sur l’histoire de l’Art Brut et de la Collection de l’Art Brut de Lausanne, réalisée en 1996 auprès de Michel Thévoz, professeur honoraire à la section d’histoire de l’art de l’UNIL, Lucienne Peiry n’a pas quitté son objet de recherche. Directrice de la Collection de 2001 à 2011, puis directrice de la recherche et des relations internationales dans cette même institution jusqu’en 2014, elle continue à courir le monde pour découvrir et révéler des artistes qui s’ignorent.

La curiosité, partout

L’Art Brut, concept forgé par Jean Dubuffet, peintre et fondateur de la Collection de l‘Art Brut, se rapporte aux œuvres de personnes, sans formation artistique, qui ne cherchent pas l’approbation et la reconnaissance pour leur travail. «Par définition, l’Art Brut implique la clandestinité», explique Lucienne Peiry. «Les artistes bruts travaillent par eux-mêmes et pour eux-mêmes. Ils sont les uniques destinataires de leurs œuvres, du moins dans le sens habituel de ce terme. Certains destinent parfois leurs productions à un être fictif ou à une entité spirituelle.»

Bien sûr, la question surgit naturellement : comment découvre-t-on de tels clandestins de l’expression ? «La découverte, comme la prise de contact, se fait par un intermédiaire. Par exemple un parent, un ami, voire un médecin. Cette figure tutélaire, en principe protectrice et bienveillante, connaît et respecte le travail de l’artiste. Sans cette figure, il est très difficile, voire impossible, de découvrir un auteur d’Art Brut.»

Lucienne Peiry a cherché des artistes en Chine, au Japon, en Inde, en Côte d’Ivoire ou au Ghana. De quoi complexer Indiana Jones lui-même. «Des pistes se créaient et je les suivais. On ne peut pas éviter de se déplacer et de prendre le temps de tisser des liens, d’installer une confiance. Les créateurs d’Arti Brut se mettent souvent en retrait, et sont des êtres vulnérables.»

Une traduction en mandarin

Fort de 42’000 exemplaires vendus, L’Art Brut, ouvrage tiré en 1997 de la thèse de Lucienne Peiry, réédité plusieurs fois depuis et traduit en allemand et en anglais, devient rapidement une référence incontournable. Le 21 septembre dernier, l’auteure se rend à Shanghai pour le vernissage de son titre phare, traduit, cette fois, en mandarin. Mondialement reconnue experte de l’Art Brut et habituée à l’exercice, elle y donne plusieurs conférences, dans des écoles d’art et dans des librairies.

«Il y a trois ans, Shanghai University Press me contacte : le vice-directeur est un passionné d’Art Brut !», se souvient Lucienne Peiry. «Pour payer des droits d’images importants, il a fallu chercher des mécènes.» Plusieurs acteurs aident à financer le projet, dont la Ville de Lausanne, Uli Sigg, important collectionneur suisse d’art contemporain chinois et ancien ambassadeur de Suisse en Chine, ainsi que SinOptic (plateforme d’échanges entre la Chine et la Suisse).

De nombreux projets

Les projets de Lucienne Peiry ne s’arrêtent pas là. Elle signe un livre bilingue français-anglais pour enfants, Bonhomme d’Art Brut, prévu pour novembre 2015. Des lectures spectacles de textes d’Art Brut, qu’elle commente aux côtés de deux comédiennes chargées de la mise en voix, sont organisées en Suisse et en France. Paulo Branco, producteur indépendant et président fondateur du Lisbon & Estoril Film Festival, l’invite lors de la prochaine édition, agendée en novembre 2015, dans le cadre de la projection de deux films d’Art Brut. Pour couronner le tout, Flammarion, son éditeur des origines, lui propose d’augmenter et d’enrichirL’Art Brut pour une réédition, l’année prochaine, faisant état de ses recherches depuis la fin de sa thèse. A passion brute, énergie brute.


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