Les effigies fantasmées de Sylvain Fusco


Les effigies fantasmées de Sylvain Fusco

Sylvain Fusco, Collection de l’Art Brut, Lausanne

Written by Lucienne Peiry in Le Carnet Portrait

15 février 2018

Fusco cesse de parler au moment où il fait son service militaire dans les bataillons disciplinaires d’Algérie. Il s’enferme dans le mutisme. De retour chez sa mère, à Lyon, son comportement s’aggrave et il est interné en 1930, à l’âge de 27 ans. Cinq ans plus tard, il trace des graffiti sur le mur de son dortoir. 
 
A cette époque, Fusco refuse le matériel de peinture qui lui est proposé et, pour dessiner, se sert de feuilles d’arbres et de cailloux qu’il trouve par terre. Le Dr André Requet voue une attention particulière à cette production et rapporte ces dessins sur du papier calque. Puis, le jeune homme accepte des feuilles de papier et du pastel. Dès lors, il représente des figures féminines dénudées et réalise dans la hâte une centaine de dessins. Avec frénésie, il fait apparaître des femmes aux formes rondes, puis cesse subitement toute activité.
 
En 1940, les restrictions et privations appliquées dans les asiles font mourir de faim des milliers de personnes aliénées. Fusco est l’une des premières victimes de cette tragédie.
 
De nombreuses œuvres de Sylvain Fusco (1903-1940) sont conservées à la Collection de l’Art Brut à Lausanne, grâce à l’attention du Dr Requet. Un dessin est présenté dans l’exposition temporaire actuelle, intitulée Corps.


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